Cui Bono, une locution latine signifiant littéralement “À qui profite [le crime] ?”, est un principe souvent utilisé en droit et en philosophie pour interroger les motivations et les bénéficiaires d'un acte ou d'une situation.
Ce principe part de l'idée que comprendre à qui une action ou un événement profite peut souvent révéler son instigateur ou sa raison d'être.
Cette maxime est particulièrement utilisée en droit pénal, en criminologie et dans l'analyse critique d'événements historiques ou politiques.
Le concept cui bono trouve son origine dans le droit romain, en particulier dans les travaux de l'homme d'État et orateur Cicéron. Dans ses plaidoyers, Cicéron utilisait cette question pour identifier les motivations sous-jacentes à des crimes ou des décisions controversées.
Le principe a également été repris dans les débats philosophiques de l’Antiquité, souvent utilisé pour examiner les structures de pouvoir et de responsabilité dans la société.
Aujourd'hui, cui bono reste un outil conceptuel clé dans de nombreux domaines : analyse juridique, enquêtes criminelles, débats politiques, et même en sciences sociales pour analyser les conflits d'intérêts.
En droit pénal, cui bono est utilisé pour orienter une enquête criminelle. Lorsqu'aucune preuve directe n'est disponible, la question “À qui profite le crime ?” peut aider à identifier un suspect.
Cui bono est fréquemment utilisé pour analyser les événements mondiaux, notamment les guerres, les révolutions ou les politiques controversées.
Dans les affaires économiques, le principe cui bono aide à identifier les bénéficiaires réels d’une réglementation, d’un scandale ou d’une crise.
En philosophie, cui bono est utilisé pour questionner les dynamiques morales et sociales, notamment dans l’attribution de responsabilité et la compréhension des inégalités.
Pour utiliser le principe cui bono de manière efficace, plusieurs éléments doivent être considérés :
Bien que puissant, le principe cui bono a ses limites :
Cicéron lui-même aurait utilisé le principe cui bono pour examiner les motivations des conspirateurs dans l’assassinat de César. Les principaux bénéficiaires étaient les sénateurs opposés à son pouvoir croissant.
L’analyse des bénéficiaires a conduit à des débats sur la responsabilité de cet événement, qui a servi de prétexte à l’établissement du régime totalitaire nazi.
Lors de crises telles que la bulle des subprimes en 2008, le principe cui bono a été utilisé pour analyser les profits réalisés par les banques et les investisseurs avant l’effondrement.
Cui bono pousse à remettre en question les apparences et à chercher des explications profondes derrière les événements. Ce principe encourage une pensée critique, incitant à examiner les structures de pouvoir et les intérêts cachés qui façonnent notre monde.
Il pose également des questions éthiques importantes : les bénéficiaires d’un système injuste sont-ils moralement responsables de son maintien ? Jusqu’où doit-on aller pour identifier et remettre en cause ces structures ?
Le principe cui bono demeure un outil essentiel pour comprendre les motivations et les dynamiques de pouvoir derrière les événements. S’il doit être utilisé avec prudence, il offre une perspective unique pour analyser des situations complexes, que ce soit en droit, en politique ou en philosophie.
Appliquer ce principe, c’est non seulement chercher des réponses mais aussi s’engager dans une démarche critique pour dévoiler les véritables intérêts en jeu.