Ens causa sui, une expression latine signifiant littéralement “être cause de soi-même”, désigne un concept philosophique fondamental. Il fait référence à un être ou une entité qui trouve en lui-même sa propre cause et existence, sans dépendre d'une cause extérieure.
Ce concept est couramment associé à des débats métaphysiques sur l'existence de Dieu, de l'univers ou de certains principes fondamentaux. Il exprime l'idée d'une autonomie absolue dans l'existence et la causalité.
Bien que l'expression ens causa sui ne soit pas explicitement utilisée dans la philosophie antique, des idées similaires apparaissent chez les philosophes grecs, notamment chez Parménide et Aristote. Ces derniers explorent l'idée d'un principe premier ou d'une “cause non causée”.
La notion devient centrale dans la théologie chrétienne médiévale, où des penseurs comme Saint Anselme et Thomas d'Aquin l'utilisent pour justifier l'existence de Dieu en tant qu'être nécessaire et auto-suffisant.
Le concept est repris par des philosophes modernes comme Spinoza, qui décrit Dieu ou la nature (Deus sive Natura) comme une substance infinie et autonome. Chez Hegel, ens causa sui prend une dimension dialectique dans la réalisation de l'Esprit absolu.
L’idée centrale de ens causa sui repose sur la notion d’autonomie radicale. Un ens causa sui n'a pas besoin d'une autre cause pour justifier son existence, ce qui le distingue fondamentalement des entités contingentes.
Certains critiques, comme Kant, soulignent une contradiction potentielle dans l’idée qu’un être pourrait se “causer” lui-même, puisque cela impliquerait une existence préalable à sa propre cause.
Le concept est utilisé pour explorer les fondements de l’existence et les principes premiers, en particulier dans les discussions sur l’existence de Dieu.
Chez Spinoza, ens causa sui devient un modèle d’autonomie, non seulement pour Dieu mais aussi pour l’existence humaine et son éthique.
Dans les théories sur l'origine de l'univers, certains physiciens et philosophes suggèrent que l’univers lui-même pourrait être un ens causa sui, s’expliquant par ses propres lois internes.
Les défenseurs de ens causa sui mettent en avant son élégance conceptuelle pour résoudre les problèmes de régression infinie et d'origine première.
Les critiques, notamment dans les traditions empiristes et analytiques, dénoncent son caractère spéculatif et son manque de vérifiabilité empirique.
Dans l’Éthique, Spinoza décrit Dieu comme une substance infinie et nécessaire, définie comme ens causa sui.
Pour Hegel, l'Esprit absolu réalise son auto-causalité dans l'histoire à travers un processus dialectique.
Bien que Leibniz privilégie le principe de raison suffisante, il postule également l’existence d’une “monade primordiale” auto-suffisante.
La notion d’ens causa sui pose une question fondamentale : peut-on concevoir un être ou une entité réellement autonome et indépendant ? Ce concept transcende la simple métaphysique en influençant des domaines comme l’éthique, la cosmologie et la théologie.
Pour certains, il s’agit d’un idéal abstrait, tandis que pour d’autres, il constitue une clé de voûte de la compréhension de l’univers.
Le concept de ens causa sui est une idée centrale de la philosophie occidentale, reliant les débats sur l’origine et l’autonomie de l’existence. Bien qu’il soulève des paradoxes et des objections, il reste un outil puissant pour interroger les principes fondamentaux de l’être, de la causalité et de la nécessité.