Tempus regit actum, signifiant en latin “Le temps gouverne l'acte”, est une maxime juridique fondamentale selon laquelle un acte juridique est régi par les lois et les règles en vigueur au moment de sa réalisation.
Ce principe garantit que les actes ne sont pas rétroactivement modifiés par des lois ou règlements postérieurs, sauf disposition contraire expresse. Il reflète une exigence de stabilité et de sécurité juridique dans les systèmes juridiques modernes.
La maxime tempus regit actum trouve son origine dans le droit romain. Les juristes romains reconnaissaient que les lois applicables à un acte devaient être celles en vigueur au moment de sa réalisation, afin d’assurer la stabilité et la prévisibilité des relations juridiques.
Au Moyen Âge, les juristes de l’école de Bologne ont intégré ce principe dans leurs études des codifications romaines. Ils l’ont utilisé pour résoudre des conflits entre lois anciennes et nouvelles, notamment dans les domaines contractuels et successoraux.
Aujourd’hui, tempus regit actum est appliqué dans de nombreux systèmes juridiques pour clarifier les situations où des actes juridiques sont réalisés sous des régimes légaux successifs.
Domaine | Exemples pratiques | Références juridiques |
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Droit civil | Les contrats sont régis par les lois en vigueur lors de leur signature. | Article 1 du Code civil français : “La loi ne dispose que pour l’avenir”. |
Droit pénal | Les infractions sont jugées selon les lois en vigueur au moment de leur commission. | Article 112-1 du Code pénal français. |
Droit fiscal | Les obligations fiscales sont établies selon les règles applicables pour l’année concernée. | Lois de finances en vigueur à chaque période. |
Droit international | Les traités internationaux signés sous un régime juridique spécifique ne sont pas affectés par des changements ultérieurs dans l’un des États parties. | Jurisprudence internationale. |
Les actes civils (contrats, testaments, mariages) sont régis par les lois en vigueur au moment de leur conclusion.
Les lois pénales ne peuvent être appliquées rétroactivement, sauf si elles sont plus douces que celles en vigueur au moment de l’infraction.
Les obligations fiscales sont fixées en fonction des lois et réglementations applicables pour l’exercice fiscal concerné.
Les accords et traités signés entre États ou organisations internationales sont régis par les règles applicables au moment de leur conclusion, sauf disposition contraire.
Pour invoquer tempus regit actum, plusieurs conditions doivent être remplies :
Dans certains cas, la rétroactivité peut être autorisée, notamment si elle est expressément prévue par la loi et qu’elle respecte les droits fondamentaux des parties.
Dans des circonstances exceptionnelles, comme des crises économiques ou sanitaires, des lois peuvent rétroactivement modifier des droits ou obligations pour protéger l’intérêt général.
Les règles coutumières ou impératives du droit international (jus cogens) peuvent, dans certains cas, primer sur la maxime tempus regit actum.
Après la Seconde Guerre mondiale, certaines lois promulguées sous le régime de Vichy furent annulées rétroactivement pour incompatibilité avec les principes fondamentaux de la République.
Dans les années 1980, des lois fiscales rétroactives furent introduites pour corriger des abus antérieurs, suscitant des débats sur leur constitutionnalité.
L’entrée en vigueur du traité de Lisbonne n’a pas affecté les accords antérieurs conclus par les États membres de l’Union européenne.
Tempus regit actum incarne une exigence de stabilité et de prévisibilité juridique. En interdisant la rétroactivité injustifiée, ce principe protège la confiance des individus et des institutions dans la sécurité des transactions et des engagements.
Cependant, il pose également des défis éthiques lorsqu’il empêche de corriger des injustices passées ou d’adopter des réformes nécessaires.
Le principe tempus regit actum est un pilier de la sécurité juridique, garantissant que les actes passés ne sont pas arbitrairement remis en cause par des changements législatifs ultérieurs. Appliqué avec discernement, il contribue à la stabilité des relations juridiques tout en permettant, dans des cas limités, des adaptations rétroactives pour l’intérêt général.