Testis unus, testis nullus, signifiant en latin “Un témoin unique n'est pas un témoin”, est une maxime juridique qui illustre le principe selon lequel un témoignage isolé ne suffit pas à établir un fait en droit. Ce principe est souvent invoqué pour souligner l'importance de corroborer un témoignage unique par des preuves supplémentaires ou par d'autres témoignages.
Dans certains systèmes juridiques, notamment ceux influencés par le droit canonique ou le droit romain, cette maxime reflète une méfiance envers les preuves isolées et leur capacité à garantir la justice.
La maxime trouve ses racines dans le droit romain, où l’importance d’une preuve solide et corroborée était largement reconnue. Les juristes romains, comme Ulpien, mettaient en garde contre les décisions judiciaires reposant sur un seul témoin.
Adoptée et développée par le droit canonique médiéval, cette maxime servait à garantir que les procès ecclésiastiques reposaient sur des preuves multiples pour éviter les jugements hâtifs ou injustes.
Bien que ce principe soit rarement appliqué strictement dans les systèmes juridiques modernes, il inspire encore des règles de preuve qui exigent une corroboration dans certains contextes, notamment en matière pénale ou familiale.
Dans de nombreux systèmes, un témoin unique n'est pas suffisant pour condamner un individu à moins que son témoignage ne soit corroboré par d'autres preuves.
Dans certains litiges civils, un témoignage isolé peut être jugé insuffisant pour établir un fait contesté.
Dans les affaires de garde d’enfants ou d'adoption, un témoignage unique alléguant une conduite inappropriée doit souvent être appuyé par des preuves supplémentaires.
Le principe testis unus, testis nullus n'est plus strictement appliqué dans de nombreux systèmes modernes, qui reconnaissent la valeur possible d’un témoignage isolé, notamment lorsque celui-ci est cohérent, détaillé et corroboré par des éléments indirects.
L’application stricte de cette maxime pourrait conduire à des injustices en écartant des témoignages sincères mais uniques, particulièrement dans des situations où d’autres preuves sont difficilement disponibles.
Dans certaines affaires, comme les abus sexuels ou les violences domestiques, les juridictions reconnaissent que les circonstances rendent souvent les témoignages uniques inévitables et tentent de compenser par d'autres moyens d’évaluation.
Pour qu’un témoignage unique puisse être considéré comme fiable malgré la maxime, plusieurs facteurs sont souvent pris en compte :
L'un des aspects marquants de cette affaire fut la question de la fiabilité des preuves isolées. La condamnation initiale d'Alfred Dreyfus reposait en partie sur des éléments contestables non corroborés, ce qui a conduit à une révision célèbre.
Les témoignages uniques d’accusateurs ont joué un rôle central dans les procès des sorcières de Salem. Ces témoignages, souvent non corroborés, ont conduit à des exécutions injustes.
La maxime testis unus, testis nullus reflète une préoccupation fondamentale en droit : la quête d’équilibre entre la prévention des erreurs judiciaires et l’accès à la justice pour les victimes. Elle incite à la prudence dans l’évaluation des preuves tout en soulignant la nécessité d’une approche équitable et contextuelle.
Bien que testis unus, testis nullus soit une maxime ancienne, elle conserve une pertinence dans les discussions modernes sur les preuves et la justice. Sa mise en œuvre doit toujours être tempérée par les circonstances et les principes fondamentaux de l'équité, de manière à éviter les excès tant dans l’acceptation que dans le rejet des témoignages uniques.